Le diabète et sa psychologie

SAVOIRQ santé log – Petite Enfance n° 18 – Janvier/Février/Mars 2013 25 Pourtant, à l’école, quant à ses repas à la cantine, très souvent, l’enfant diabétique devra bénéficier d’un PAI (projet d’accueil individualisé) mis au point avec le médecin scolaire et l’infirmière de l’établissement. Sur l’annonce du diabète, il s’avère que la découverte de la pathologie débouche sur la question de l’acceptation de celle-ci, par l’inté- ressé comme par son environnement familial. Les termes mêmes de cette annonce resteront à jamais gravés dans l’esprit de l’intéressé et de ses proches. Il arrive fréquemment que l’inté- ressé se sente coupable de sa maladie et veuille épargner ses proches, lesquels, tout aussi sou- vent, ont tendance à la minimiser. Tout comporte- ment spontané de l’un et des autres se voit déformé, pour ne pas dire hypothéqué. Au-delà du traumatisme subi, au vrai, c’est toute la ques- tion du manque et de l’imperfection qui surgit. Je rappellerai que nous vivons dans une civilisation de la perfection. Le culte de la beauté et de la santé y occupe logiquement une place primor- diale. Elles sont même devenues des « droits ». Tout se passe comme si les difficultés à être tel que l’on est ne pouvaient se vivre. Les corps doivent être parfaits, tout-puissants, sans souf- france et immortels. Cela rend compte que toute anomalie constitue une blessure narcissique de plus en plus insupportable et suscitant de la honte. Dans ce contexte, essayer de cacher sa maladie aux proches est un comportement très fréquent. Se vouer à la multitude de livres de recettes spé- cifiques plus ou moins attrayantes, et/ou aux régimes végétariens, quitte à passer de l’un à l’autre très rapidement, en est un autre. Le travail psychologique, institué dans un absolu cadre de respect empathique, consistera donc à aider le patient à exprimer ses représen- tations de sa maladie avant que de prétendre l’accompagner sur le chemin de son acceptation. Il est ici question d’une sorte de travail de deuil de la normalité et de la santé, perlaboration seule à même de mener à un travail de désillusion et de relativisation, puis d’acceptation de ses limites. D’ailleurs, l’expérience clinique, comme l’il- lustrent les vignettes ci-dessus, montre que, quelque soit le type de diabète incriminé, il faut tenir compte de deux aspects : • d’une part, l’annonce du diagnostic, • d’autre part, l’annonce de l’auto-surveillance. Incessamment, le sujet risque de s’enfermer dans sa maladie et son traitement. Bref, on est ici dans le voisinage ou dans le coeur du champ du handicap. Dès lors, il y a pléthore d’articles sur ce thème. Aussi je m’abstiendrai de m’y rapporter directement. J’ajouterai simplement que si les caisses primaires d’assurance maladie recon- naissent facilement que le diabète est une affec- tion de longue durée (ALD) qui permet la prise en charge à 100 % par la Sécurité Sociale des frais occasionnés, en revanche, les maisons départe- mentales du handicap (MDPH) octroient généra- lement la reconnaissance de personne handicapée aux diabétiques dans certaines formes de complications ajoutées, précisément lors de limitations de l’autonomie (malvoyance ou limitation motrice, par ex.). En conséquence, les allocations pour enfant handicapé (AEEH) ou pour adulte handicapé (AAH) ne sont pas encore systématiques. Le diabète et ses répercussions psychiques Face aux patients diabétiques, la patience des médecins généralistes et spécialistes est très souvent mise à rude preuve. Une fois utilisées les thérapeutiques habituelles, en ville comme à l’hôpital, dès lors, l’étiquette de patient « récalcitrant », « nerveux » ou « limite » est bien aisément collée. Même si la neutralité psychanalytique est incompatible avec les actes médicaux « standards », il peut être intéressant, parfois, de diriger le patient vers un psychanalyste. A lire sur le web www.santelog.com/id1820 © Alexander Raths - Fotolia.com Les injections d’insuline peuvent vite devenir fastidieuses. Des diabétiques, pas vraiment « handicapés » Il est vrai que la maladie n’empêche pas de vivre quasi normalement si l’on en croit les activités • de peintres comme Paul Cézanne et Silvestro Lega, • d’écrivains comme Ernest Hemingway ou A. J. Jacobs, • de sportifs, à l’instar du tennisman Arthur Ashe, • ou encore de chanteurs / musiciens, comme Elvis Presley, Syd Barrett (le fondateur du groupe Pink Floyd), Johnny Cash, James Brown, B.B King, etc. >>>

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