L’idée selon laquelle le tabagisme inhibe l'appétit est déjà bien connue et la voie de suppression de l’appétit déclenchée par la nicotine a même été identifiée. Arrêter de fumer est associé à une prise de poids moyenne estimée à près de 3 kilos. Cette étude de l'Université de Washington apporte un élément nouveau : Le tabagisme interfère chez les femmes obèses avec leur capacité de percevoir le goût des graisses et des « sucreries », les entraînant à en consommer encore plus. Une conclusion, documentée dans la revue Obesity, qui apporte un argument supplémentaire à l’arrêt du tabac, cette fois en faveur d’un meilleur contrôle du poids.
De nombreux anciens fumeurs prennent du poids après avoir arrêté de fumer en raison d'une combinaison de facteurs, tels que l'arrêt de l'effet de la nicotine qui incite le corps à brûler des calories plus rapidement, agit aussi comme un coupe-faim, ou encore le réflexe de manger pour contrer l'envie de fumer. Une étude récente, publiée dans le JAMA, constate que dans les 4 ans suivant l'arrêt du tabac, que la prise de poids moyenne était de 2,7 kg à comparer à 0,9 kg pour les « démissionnaires » de long terme comme pour les (toujours) fumeurs et à 1,4 kg pour les non-fumeurs. En revanche, dans cette étude menée auprès de femmes atteintes d'obésité, le tabagisme semble favoriser la consommation d'aliments gras ou sucrés.
Le Dr Yanina Pepino, professeur adjoint de médecine à la Faculté de médecine de l'Université de Washington et le Pr Julie Mennella, biopsychologue au Centre Monell de Philadelphie ont suivi 4 groupes de femmes âgées de 21 à 41 ans :
· 14 femmes fumeuses et obèses
· 11 femmes obèses non fumeuses
· 10 femmes fumeuses de poids normal
· 12 femmes non fumeuses de poids normal.
Les femmes ont dû goûter plusieurs puddings à la vanille contenant des quantités variables de matières grasses et devaient en apprécier la douceur et l'onctuosité, des qualités liées à la teneur en sucre et en matières grasses.
En comparaison avec les 3 autres groupes, les femmes fumeuses obèses perçoivent significativement moins bien ces goûts de sucre ou de graisse et expriment moins de plaisir lors de la dégustation de ces desserts. Si l'étude n'explique pas pourquoi ces perceptions sont diminuées chez les femmes fumeuses et obèses, elle contribue à expliquer pourquoi ces femmes ont tendance à consommer plus de calories : « Nos résultats suggèrent que d'avoir ce désir intense mais de ne pas percevoir cette douceur et cette onctuosité peut conduire ces femmes à consommer plus ».
Le tabagisme pourrait ainsi renforcer encore plus l'obésité. D'ailleurs, ajoutent les chercheurs, il n'existe aucune preuve démontrant que le tabagisme contribue à maintenir un poids santé à long terme. Dans le cas des femmes obèses, le tabagisme peut rendre les choses encore pires qu'on ne le pensait.
Source: Obesity April 2014 DOI: 10.1002/oby.20697 Cigarette smoking and obesity are associated with decreased fat perception in women
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