Des sociétés savantes, des associations de professionnels de santé et de la nutrition, d’acteurs de terrain, de consommateurs et de patients s’associent pour lancer une grande pétition citoyenne pour que soit mis en place un étiquetage nutritionnel simple, intuitif et compréhensible par tous sur la face avant des emballages des aliments. Une étape indispensable dans la lutte contre l’obésité et ses comorbidités. Une démarche qui interpelle néanmoins: S’acheminera-t-on un jour vers des emballages alimentaires neutres pour certains produits alimentaires, comme pour les produits du tabac ?
De très nombreuses études ont montré le rôle des facteurs nutritionnels (intégrant l'alimentation et l'activité physique) dans le déterminisme du surpoids, de l'obésité et des principales maladies chroniques : cancers, maladies cardiovasculaires, diabète, hypertension artérielle, etc. L'inadéquation des apports alimentaires et la sédentarité sont des facteurs de risque majeurs de maladies et d'aggravation des inégalités sociales de santé.
Sur le plan de la prévention, le rapport Hercberg, remis à la Ministre de la Santé en janvier dernier, a pointé les limites des stratégies de santé publique fondées exclusivement sur la communication et l'information nutritionnelle générale. Il apparaît clairement que les politiques publiques doivent chercher à améliorer non seulement les déterminants individuels des comportements alimentaires (et de la pratique d'activité physique), mais aussi leurs déterminants environnementaux. Parmi les mesures proposées dans le rapport, l'une vise à favoriser l'information du consommateur sur la qualité nutritionnelle des aliments par la mise en place d'une échelle nutritionnelle simple et compréhensible par tous sur la face avant des emballages des aliments.
Cette mesure qui s'intègre parfaitement dans la Stratégie Nationale de Santé du Ministère de la Santé, peut contribuer, en lien avec les autres actions du Programme National Nutrition Santé (PNNS), à améliorer les comportements alimentaires et l'état nutritionnel de la population, notamment des sujets plus défavorisés et à plus haut risque de problèmes de santé.
Pourtant, les industriels de l'agro-alimentaire, au travers de leur association nationale (ANIA), s'opposent à cette mesure. Face à l'opposition des opérateurs économiques, et compte tenu des enjeux de santé publique, diverses sociétés savantes et associations professionnelles de différentes disciplines se sont associées dans un Collectif pour lancer une grande pétition citoyenne afin de soutenir la mise en place de l'échelle de qualité nutritionnelle, simple, intuitive, standardisée et compréhensible par tous sur la face avant des emballages des aliments, proposée dans le rapport Hercberg. Ce Collectif constitué rappelle dans une lettre ouverte au Premier Ministre que la mesure proposée est d'un grand intérêt pour aider le consommateur à orienter ses choix et pour mettre en pratique la recommandation de « ne pas manger trop gras, trop sucré, trop salé » : il pourra ainsi comparer la qualité nutritionnelle des différents aliments entre eux, ou à l'intérieur d'une même famille d'aliments voire entre des aliments du même type mais de marques différentes.
Cette mesure aura aussi un intérêt incitatif pour les industriels afin de les encourager à améliorer la composition de leurs produits pour changer de classe et ainsi valoriser leurs efforts au travers d'un positionnement plus favorable sur l'échelle nutritionnelle visible par les consommateurs.
Communiqué Pr Serge Hercberg
Université Paris 13/Hôpital Avicenne
Directeur de l'Equipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle (EREN)
UMR U1153 Inserm/U1125 Inra/Cnam/Univ Paris 13
Centre de Recherche en Epidémiologies et Biostatistique Sorbonne-Paris-Cité
UFR SMBH 74 rue Marcel Cachin,
93017 Bobigny
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