Une dizaine de régimes populaires sont ici évalués pour leur rapport bénéfice-risque cardiovasculaire, par les experts de l’American Heart Association (AHA). Les chercheurs évaluent précisément la mesure dans laquelle de grands modèles d’habitudes alimentaires populaires concordent avec les directives d’une alimentation favorable à la santé cardiovasculaire. Avec des conclusions, présentées dans la revue Circulation, critiques vis-à-vis de certains régimes, et qui suggèrent des interventions pour promouvoir l’équité en matière de santé, une équité qui passe aussi par l’alimentation.
Plusieurs modèles alimentaires, dont le régime DASH, le régime méditerranéen, le régime pescatarien ou végétarien, reçoivent « les meilleures notes » en termes d’avantages cardiovasculaires. En frevanche d’autres régimes, comme les régimes paléo et cétogène sont en contradiction avec certaines directives de l’AHA pour la santé cardiaque.
L’auteur principal, le Dr Christopher D. Gardner, président du comité de rédaction et professeur de médecine à l’Université de Stanford à Stanford rappelle que « le nombre de régimes alimentaires populaires a proliféré ces dernières années avec de nombreuses allégations qui prêtent à confusion. Le grand public et même de nombreux professionnels de la santé s’y perdent.
« On ne sait plus ce qu’est une alimentation saine pour le cœur ».
L’objectif de ces travaux est donc de proposer un nouvel outil de base aux médecins et aux professionnels amenés à conseiller à leurs patients une alimentation bénéfique à la santé cardiométabolique.
La santé cardiométabolique fait référence à un groupe de facteurs qui affectent le métabolisme (les processus de l’organisme qui décomposent les nutriments contenus dans les aliments et construisent et réparent les tissus pour maintenir leur fonction normale) et le risque de maladies cardiaques et vasculaires. Ces facteurs comprennent la glycémie, le cholestérol et d’autres lipides, la tension artérielle et le poids corporel. Alors que des niveaux anormaux d’un facteur peuvent augmenter le risque de maladie cardiaque, des anomalies dans plus d’un facteur augmentent encore plus le risque et de forme encore plus sévère de troubles cardiovasculaires.
Premier principe : un régime alimentaire favorable à la santé cardiométabolique doit mettre l’accent sur :
- la limitation des graisses malsaines,
- la réduction de la consommation de glucides.
Cet équilibre optimise à la fois la santé cardiovasculaire et métabolique générale et limite les risques d’autres problèmes de santé tels que le diabète de type 2 et l’obésité qui peuvent résulter d’une consommation excessive de glucides, en particulier de glucides transformés et de boissons sucrées. Ainsi, le groupe d’experts analyse dans quelle mesure les régimes alimentaires populaires adhèrent à ces caractéristiques.
Les grands types de régimes alimentaires passé à la loupe de l’AHA:
- DASH, une approche diététique visant à prévenir ou réduire l’hypertension, met l’accent sur les légumes, les fruits, les grains entiers, les légumineuses, les noix et les graines, et les produits laitiers allégés, comprend également, en petite quantité, des viandes maigres et de la volaille, du poisson et des aliments non gras.
- Les régimes nordiques et baltes se rapprochent fortement de ce modèle alimentaire.
- Le régime méditerranéen limite les produits laitiers, met l’accent sur les légumes, les fruits, les grains entiers, les légumineuses, les noix et les graines, les poissons gras et l’huile d’olive et comprend une consommation modérée de vin rouge.
- Le régime végétarien (ou pescatarien) est un régime alimentaire à base de plantes avec du poisson.
- Le régime végétarien/ovo/lacto, toujours à base de plantes, il peut comprendre aussi des œufs (ovo-végétarien), des produits laitiers (lacto-végétarien) ou les deux (ovo-lacto-végétarien).
- Le régime végétalien, à base de plantes, qui ne comprend aucun produit d’origine animale.
- Le régime allégé en graisses, limite ainsi l’apport en matières grasses à moins de 30% des apports caloriques.
- Le régime très pauvre en graisses limite l’apport en graisses à moins de 10% des calories. Il se rapproche souvent du régime végétalien.
- Le régime faible en glucides ou à faible indice glycémique limite les glucides à 30-40% de l’apport calorique total.
- Le régime paléolithique ou régime paléo, exclut les céréales complètes et raffinées, les légumineuses, les huiles et les produits laitiers.
- Le régime très faible en glucides et cétogène ou riche en acides gras, limite l’apport en glucides à moins de 10% des calories.
Chaque régime a été évalué pour ses avantages pour la santé cardiaque. Chaque régime a ainsi été noté en fonction de l’adéquation de ses caractéristiques avec les directives de l’AHA.
4 régimes obtiennent une note élevée sur le plan de la santé cardiovasculaire :
- le régime DASH reçoit la meilleure note car il respecte toutes les directives de l’Association. En particulier, en raison de ses apports limités au maximum en sel, en sucre ajouté, en alcool, en huiles tropicales et en aliments transformés, et élevés en légumes non féculents, en fruits, en grains entiers et en légumineuses. Les apports en protéines proviennent principalement de sources végétales (telles que les légumineuses, les haricots ou les noix), ainsi que du poisson ou des fruits de mer, de la volaille et des viandes maigres et des produits laitiers allégés, ce qui est également favorable ;
- le régime méditerranéen est également très conforme aux directives, même s’il n’exclut pas le sel et autorise une consommation modérée d’alcool, mais avec une note légèrement inférieure à DASH ;
- le régime végétarien est également en ligne avec les conseils diététiques de l’AHA.
- Les régimes pescatariens et végétariens comprenant des œufs, des produits laitiers ou les deux sont également très bien notés ;
« Tous ces régimes de grande qualité toujours sur le plan de la santé cardiovasculaire », selon les experts, « devraient inciter des interventions apportant au public un accès élargi à ces aliments et leur permettant de toujours manger de cette façon et à long terme ».
Viennent ensuite les régimes végétaliens allégés en graisses : ces régimes qui mettent également l’accent sur la consommation de légumes, de fruits, de grains entiers, de légumineuses et de noix, tout en limitant l’alcool et les aliments et boissons contenant du sucre ajouté sont également favorables à la santé cardiovasculaire mais sont plus difficiles à suivre à long terme, en particulier lorsqu’on ne prend pas toujours ses repas chez soi et que l’on déjeune au restaurant. De plus, ces régimes peuvent induire des carences, en vitamine B-12 par exemple, avec un risque donc d’anémie ; Dans certains cas, une supplémentation pourra même être recommandée.
Les régimes faibles en graisses considèrent et excluent tous les types de graisses de la même manière, alors que certaines graisses sont plus saines, dont les acides mono et polyinsaturés.
Les régimes très faibles en graisses et en glucides s’alignent de manière faible à modérée sur les directives de l’Association. Ces régimes, souvent végétaliens visent principalement à ralentir la progression de l’accumulation de la plaque d’athérome. Cependant, les experts relèves qu’un régime alimentaire à faible teneur en glucides permet (aussi) la perte de poids, la réduction de la pression artérielle, de la glycémie et du cholestérol au moins de manière aussi efficace qu’un régime alimentaire faible en graisses. Parmi leurs inconvénients, figurent les faibles apports en noix et en huiles végétales saines. Enfin est également souligné, le risque de carences en vitamine B-12, en acides gras essentiels et en protéines.
Les régimes à faible teneur en glucides quant à eux limitent les fruits, les céréales et les légumineuses. Ainsi, cette limitation des glucides induit une diminution de la consommation de fibres et, généralement une augmentation de la consommation de graisses saturées (provenant de viandes et d’aliments d’origine animale).
Les experts appellent donc ici à assouplir les restrictions sur les groupes d’aliments tels que les fruits, les grains entiers, les légumineuses et les graines.
Les régimes paléolithiques et à très faible teneur en glucides ou cétogènes font partie des moins bien notés, toujours sous l’angle cardiovasculaire. Si durant les 6 premiers mois, une réduction du poids corporel et une baisse de la glycémie sont obtenues, après un an, la plupart de ces améliorations s’alignent avec les résultats d’un régime moins restrictif. Les restrictions sur les fruits, les grains entiers et les légumineuses peuvent là encore entraîner une réduction de l’apport en fibres. De plus, ces régimes sont riches en matières grasses sans limiter les graisses saturées. Consommer des niveaux élevés de graisses saturées et de faibles niveaux de fibres est bien un facteur de développement de maladies cardiovasculaires.
Enfin, ces régimes sont très restrictifs et difficiles à respecter à long terme pour la plupart des gens.
Les déterminants sociaux jouent considérablement dans l’élaboration des habitudes alimentaires. Et l’équité en santé passe par l’accès à des aliments de qualité. L’effort doit donc être double, apporter une éducation nutritionnelle au public et élargir l’accès aux régimes alimentaires sains et observables à long terme.
Les auteurs notent justement l’absence de données sur les régimes conçus pour être suivis pendant moins de 12 semaines ; les pratiques diététiques telles que le jeûne intermittent ou l’alimentation limitée dans le temps ; ou des régimes conçus pour gérer les affections non cardiovasculaires.
Source: Circulation 27 Apr 2023 DOI : 10.1161/CIR.0000000000001146Circulation. 2023;0 Popular Dietary Patterns: Alignment With American Heart Association 2021 Dietary Guidance: A Scientific Statement From the American Heart Association