Une plus grande vigilance doit être accordée à la malnutrition chez les personnes âgées, alerte cette équipe de gériatres de l’Université d'Uppsala, qui rappelle que la malnutrition touche jusqu'à 10 % des personnes âgées vivant dans la communauté et contribue significativement à la morbidité et à la mortalité. Ce rappel de prévalence, dans le New England Journal of Medicine (NEJM), met en lumière le sous-diagnostic et le sous-traitement de la maladie dans le cadre des soins dispensés aux personnes âgées, dans le monde entier.
La malnutrition touche plus largement encore les patients âgés traités à l’hôpital ou en institutions de santé (soit près de 50 %). Les conséquences pour la personne âgée sont graves, en termes de souffrances inutiles, de dégradation de la qualité de vie et de mortalité. Pourtant, il est possible d’apporter à ces patients la renutrition et les nutriments qui peuvent régler le problème, lié à 2 voies pathologiques possibles, la privation de nutriments essentiels et le catabolisme tissulaire (sarcopénie).
« De très nombreux patients âgés qui souffrent de malnutrition sont négligés. Le sous-diagnostic et le sous-traitement de la maladie restent un problème majeur dans les soins aux personnes âgées », relève l’un des auteurs principaux, Tommy Cederholm, professeur de nutrition clinique à l'Université d'Uppsala.
L’étude, une revue de la littérature publiée sur le sujet, apporte un état des lieux mondial des connaissances et met l'accent sur les protocoles développés et testés au cours de ces dernières années. Parmi les principales conclusions de cette large analyse :
- entre 5 et 10 % des personnes âgées des pays riches souffrent de malnutrition ;
- c’est le cas de 50 % des patients traités dans des hôpitaux ou résidents de maisons de retraite ou d’institutions ;
- la perte de poids et la malnutrition restent toujours considérées comme une expression naturelle de la maladie ou du vieillissement, par la majorité des soignants ;
- la cause la plus fréquente est une maladie sous-jacente qui incite le patient à moins se nourrir, ce qui entraîne une dégradation progressive des organes et des tissus ;
- les personnes souffrant de malnutrition perdent du poids et le manque de nutriments peut entraîner une atrophie musculaire, puis une perte de mobilité et d’autonomie ;
- la malnutrition accroît la vulnérabilité aux infections, nécessite un recours plus élevé aux soins, accroît le risque de longues périodes d'hospitalisation et de décès.
De grands progrès dans la connaissance de la malnutrition et ses traitements : un consensus mondial parmi les chercheurs et les cliniciens fait aujourd’hui référence en termes de critères de diagnostic : perte de poids, faible indice de masse corporelle (IMC) et masse musculaire réduite, faible appétit, présence fréquente de maladie sous-jacente. De récentes études cliniques, menées à grande échelle apportent la preuve que la malnutrition peut être inversée. Les conseils, les supplémentations, les boissons nutritives et la nutrition clinique constituent autant d’outils permettant de ralentir la perte de poids et de réduire la mortalité.
« Cependant, ces mesures simples restent largement négligées »,
soulignent les chercheurs : « Nous savons pourtant aujourd’hui qu’à l’exception des patients à un stade avancé d’une maladie terminale comme le cancer métastatique,
la grande majorité des personnes malnutries peuvent être soignées ».
.
Là encore, la malnutrition doit être détectée à stade précoce ; Ses facteurs de risque doivent être connus, ses signes cliniques comme la perte de poids et la perte d’appétit doivent être pris au sérieux. Une thérapie nutritionnelle doit être initiée le plus tôt possible et faire partie intégrante des soins à apporter, si besoin, aux patients plus âgés.
Source: New England Journal of Medicine 10 july, 2024 DOI: 10.1056/NEJMra2212159 Malnutrition in Adults
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