La vitamine C est sans doute la vitamine dont nous avons le plus besoin, à la fois en regard de ses actions indispensables et de ses bienfaits pour la santé, mais aussi en raison de notre incapacité à la produire de manière endogène. Cependant, si nos besoins en supplémentation peuvent être élevés, au-delà d’une certaine dose, notre organisme « se refuse » à l’assimiler. Les liposomes, de petites enveloppes lipidiques qui peuvent transporter des médicaments à l’intérieur de notre corps ont donné naissance à une nouvelle forme de vitamine C plus biodisponible : la vitamine C liposomale.
Mais en pratique, une gélule de vitamine C liposomale est-elle vraiment plus efficace qu’un comprimé classique ? Un point sur les dernières données de la science.
La vitamine C connue sous le nom d'acide L-ascorbique, est une vitamine hydrosoluble naturellement présente dans certains aliments mais également disponible sous forme de complément alimentaire. Les humains sont incapables de synthétiser la vitamine C de manière endogène, c'est donc un composant alimentaire de base. Il est impossible de résumer les multiples effets de la vitamine C cependant on retiendra son rôle clé dans la biosynthèse de certains neurotransmetteurs, dans le métabolisme des protéines, dans la cicatrisation des plaies et, grâce à son activité antioxydante, contre l’inflammation, certains cancers, les maladies cardiovasculaires et autres maladies déclenchées par le stress oxydatif. Une insuffisance voire une carence de vitamine C peut ainsi entraîner de la fatigue, la fragilité de certains organes et tissus et la maladie.
Du mode d’administration d’un principe actif dépend son efficacité thérapeutique.
Cela est également vrai pour les vitamines, dont la vitamine C :
- il a été démontré que l'administration intraveineuse et orale de vitamine C diminue le stress oxydatif et permet d'améliorer la fonction physiologique ;
- cependant, l'administration orale de vitamine C est généralement moins efficace que l'administration intraveineuse, en partie en raison d’une moindre biodisponibilité ;
- enfin, la prise orale est à l’évidence plus simple et accessible à tout usager de santé, à domicile.
L’objectif serait donc, en clinique, de disposer d’un mode d’administration accessible, comme la prise orale, mais qui optimise la biodisponibilité de la vitamine. D’autant que l’organisme humain contrôle et limite scrupuleusement la vitamine C orale : si 70 à 90 % de la vitamine C « classique » prise oralement à des doses modérées de 30 à 180 mg/jour est bien absorbée, au-delà, l'absorption plafonne à moins de 50 % et l'acide ascorbique absorbé et non métabolisé est excrété dans l'urine. De plus, des doses plus élevées peuvent entraîner des effets indésirables comme des nausées ou la diarrhée et aller jusqu’à réduire l’effet anti-oxydant.
Les liposomes pour améliorer la biodisponibilité : ces minuscules enveloppes lipidiques sont apparues comme une nouvelle voie très prometteuse de délivrance de médicaments. Ces nanoparticules peuvent être chargées d’un principe actif, sont capables de passer les différentes barrières du corps et peuvent protéger leur cargaison thérapeutique contre les processus de dégradation, assurant ainsi cette biodisponibilité optimisée et donc une plus grande efficacité thérapeutique.
La question se pose aussi pour l'administration de la vitamine C.
Vitamine C liposomale vs vitamine C classique : quelques études à ce jour ont ainsi testé l’efficacité de la vitamine C liposomale orale, c’est-à-dire encapsulée dans des liposomes, vs la vitamine C simple par voie orale et la vitamine C par voie intraveineuse. Ces données suggèrent que :
- la vitamine C liposomale permet des concentrations circulantes de vitamine C supérieures à la vitamine C orale non encapsulée, mais inférieures à l’administration intraveineuse ;
- ainsi, 2, 3 et 4 heures après la prise et à doses équivalentes, les concentrations plasmatiques de vitamine C sont plus élevées avec la vitamine C liposomale vs vitamine C non encapsulée ;
- ainsi, la biodisponibilité de la vitamine C liposomale est près du double de celle de la vitamine C en comprimés ;
- aucun événement indésirable sévère avec la prise de vitamine C liposomale n'est rapporté ;
- sur un plan chimique, l'acide ascorbique encapsulé dans des liposomes présente une structure bien organisée, une forme de particule uniforme ce qui contribue à une biodisponibilité améliorée.
Quelle explication ? Après l'ingestion, la biodisponibilité de la vitamine est largement déterminée par les taux d'absorption intestinale et d'excrétion rénale. Lors de l'ingestion, les propriétés pharmacocinétiques des liposomes remplacent celles du principe actif. Or il est aujourd’hui bien démontré que l’encapsulation liposomale favorise une absorption intestinale accélérée, une stabilité accrue du principe actif, une protection de l’intestin contre les éventuels agents irritants et une plus grande biodisponibilité.
Alors que cette nouvelle forme galénique apparaît prometteuse, les scientifiques appellent néanmoins à des recherches supplémentaires sur l’impact de la supplémentation liposomale à long terme sur le statut en vitamines et minéraux, la fonction nutritionnelle et/ou, plus largement, sur les résultats de santé.
Sources :
- The Journal of Nutrition Oct, 2007 DOI : 10.1093/jn/137.10.2171 New developments and novel therapeutic perspectives for vitamin C.
- Nutrition and Metabolic Insights June, 2016 DOI: 10.4137/NMI.S39 Liposomal-encapsulated Ascorbic Acid: Influence on Vitamin C Bioavailability and Capacity to Protect against Ischemia–Reperfusion Injury
- Journal of Liposome Research 6 Oct, 2020 DOI : 10.1080/08982104.2020.1820521 Evaluation and clinical comparison studies on liposomal and non-liposomal ascorbic acid (vitamin C) and their enhanced bioavailability
- Nutrients Pharmacokinetic 7 July, 2024 DOI : 10.3390/nu15133073 Analyses of Liposomal and Non-Liposomal Multivitamin/Mineral Formulations