Cette équipe de nutritionnistes et d’historiens de l’Universitat Oberta de Catalunya (UOC) nous apporte un éclairage sur l'histoire de l'alimentation aux Jeux Olympiques et nous livre une multitude d'anecdotes qui reflètent l’évolution de la nutrition sportive au cours des 2 derniers siècles. En effet, alors que près de 130 années se sont écoulées depuis la tenue des premiers Jeux Olympiques modernes à Athènes en 1896, non seulement les pratiques sportives, mais aussi les pratiques nutritionnelles ont beaucoup évolué.
« Lors des premiers Jeux, il n'y avait pas encore de villages olympiques, l’organisation était moins sophistiquée, les athlètes étaient des amateurs, ils buvaient du vin et, comme les Grecs de l'Antiquité, ils croyaient encore que manger une patte de chèvre leur donnerait la force d'une chèvre. Aujourd'hui, ce sont plus de 50.000 repas qui sont servis chaque jour, avec des options végétariennes et dans l’esprit d’une alimentation durable », écrit l'auteur principal, Xavi Santabàrbara Díaz, chercheur en Sciences de l'activité physique et du sport à l'UOC.
Nutrition sportive, approvisionnement alimentaire, gastronomie et durabilité
L'étude analyse ainsi, sur le plan nutritionnel, les données alimentaires figurant aux rapports du Comité international olympique (CIO) sur tous les Jeux olympiques d'été de 1896 à 2020. Si de précédentes recherches se sont concentrées sur les nutriments qui améliorent les performances, cette nouvelle étude a également pris en compte l’ensemble des facteurs qui influencent la nutrition sportive.
« La nutrition sportive est passée de l'anecdote et du mythe à une spécialisation bien établie basée sur la preuve scientifique. Les Jeux olympiques actuels en apportent la preuve ».
La gastrodiplomatie, un exercice nécessaire : les caractéristiques gastronomiques de chaque pays influencent aujourd’hui la nourriture que les athlètes trouveront dans le village olympique. Jusque-là les jeux olympiques avaient plutôt exploité l’événement pour faire connaître les habitudes alimentaires du pays, à Séoul en 1988, le kimchi ou légumes fermentés, à Barcelone, la cuisine catalane, à Tokyo, les boulettes de riz et de poisson.
De l’alimentation à la nutrition : au fil du temps, la science de la nutrition a progressé : au début du siècle, par exemple, les protéines étaient considérées comme le nutriment le plus important. Au milieu des années 1940, les glucides ont été reconnus comme les nutriments qui fournissent l'énergie et leur importance a été prise en compte aux Jeux olympiques d'Helsinki.
Mais que nous réserve Paris 2024 ? Le CIO a communiqué sur 3 objectifs, en matière de nutrition sportive :
- privilégier la production locale et réduire le coût du transport des matières premières ;
- appliquer des politiques claires pour maximiser l'utilisation des aliments et réduire le gaspillage ;
- promouvoir les options de protéines végétales.
Les jeux olympiques de Paris s’attaquent ainsi à un nouveau défi moderne, celui de l’alimentation durable.
A travers le prisme de l’alimentation aussi, les chercheurs font ainsi la démonstration que le sport et les grands événements sportifs peuvent être un outil de développement social, de croissance économique mais aussi de santé publique, d’éducation de santé et par certains aspects, de protection de l'environnement…
Source : UOC's research and innovation 2024 Evolución y cambios en la nutrición deportiva, la provisión de alimentos y la gastronomía en los Juegos Olímpicos de la era moderna (1896-2020)