Cette équipe de l’Université de Barcelone documente un lien évident entre la carence en vitamine B12 et l’inflammation chronique, associée à toute une série de problèmes de santé, notamment les maladies cardiovasculaires, le diabète et les troubles neurodégénératifs. Publiée dans le Journal of the Science of Food and Agriculture, l’étude précise donc les effets des niveaux circulants de B12 sur, précisément, 2 marqueurs inflammatoires clés chez la souris et chez l’Homme.
La vitamine B12, ou cobalamine, est un nutriment essentiel qui joue un rôle clé dans de nombreux processus physiologiques. Sa carence peut être le résultat de carences alimentaires, notamment en cas de régime végétarien et végétalien ou d’une absorption inefficace nutriments dans l’organisme. L’insuffisance de B12 peut ainsi entraîner diverses complications, notamment des troubles neurologiques. Bien que de précédentes recherches aient déjà évoqué les propriétés anti-inflammatoires possibles de la vitamine B12, la relation précise reste mal comprise.
L’équipe espagnole étudie les effets de la vitamine B12 sur les niveaux de 2 molécules de l'organisme qui favorisent l'inflammation, l'interleukine (IL)-6 et la protéine C-réactive (CRP). « Puisque l’inflammation chronique est associée à un large éventail de maladies, comprendre comment le statut en vitamine B12 influence l’inflammation pourrait avoir des implications significatives pour la prévention et la gestion de ces maladies. L'IL-6 et la CRP sont largement reconnues dans la pratique clinique comme des marqueurs clés de l'inflammation, car des niveaux élevés de ces marqueurs sont associés à différentes affections inflammatoires et maladies chroniques », rappellent les auteurs, Rosa M. Lamuela-Raventós, professeur de nutrition et de sciences de l'alimentation à l'INSA-Université de Barcelone et Inés Domínguez López, chercheur à l'Université de Barcelone.
Quelle relation entre B12 l’IL-6 et la CRP ?
L'étude a porté sur des échantillons provenant d’un groupe de participants à l’essai PREDIMED, un vaste essai clinique mené en Espagne, qui évalue l'effet du régime méditerranéen sur la prévention primaire des maladies cardiovasculaires.
- L’évaluation des taux sériques de vitamine B12 et des concentrations des marqueurs inflammatoires confirme une corrélation ;
- plus un individu possède de vitamine B12, plus ses marqueurs inflammatoires sont faibles ; soit une association inverse dose-dépendante ;
- la carence en vitamine B12 est donc associée à des niveaux élevés d’inflammation ;
- ces mêmes relations sont observées, à l’identique, chez la souris : c’est donc aussi une confirmation de l’opportunité d’utiliser des souris modèles pour approfondir les mécanismes sous-jacents ;
- cependant, à la différence de l’Homme, les souris ne deviennent pas déficientes en vitamine B12 avec l’âge ; cela permettra peut-être aussi d’identifier de nouvelles cibles pour cette carence liée à l’âge chez l’Homme.
Pris ensemble, ces résultats permettent déjà de mieux comprendre certains symptômes jusque-là inexpliqués de la carence humaine en vitamine B12, comme certaines anomalies neurologiques. Cependant, il reste à comprendre la biologie de cette relation, en particulier dans le contexte d’affections spécifiques à forte inflammation, telles que l’infection, l’obésité et le syndrome du côlon irritable, entre autres.
Source: Journal of the Science of Food and Agriculture 10 Sept,r 2023 DOI: 10.1002/jsfa.12976 Higher circulating vitamin B12 is associated with lower levels of inflammatory markers in individuals at high cardiovascular risk and in naturally aged mice
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