Cette étude expérimentale, menée par une équipe de biologistes de l’Université d'East Anglia (UEA, UK), sur un modèle animal, révèle le lien entre un type de jeûne intermittent, le jeûne limité et un risque accru de troubles de la fertilité. Ces conclusions, publiées dans les Proceedings of the Royal Society B Biological Sciences alertent ainsi sur ces effets moins connus du jeûne intermittent sur la reproduction.
Ainsi, la recherche, menée sur le poisson zèbre montre que ce jeûne intermittent affecte différemment la reproduction chez le mâle et la femelle. Par ailleurs, certains des effets négatifs sur la qualité des ovules et du sperme restent observables bien après le retour des animaux à leurs habitudes alimentaires « normales ». La question se pose, bien évidemment, de la généralisation de ces résultats aux humains, cependant, l’équipe de recherche affirme que bien que l'étude ait été menée sur des poissons, l'effet du jeûne chez l’Homme, devrait être pris en compte sur le poids et la santé, mais également sur la fertilité.
L’auteur principal, Maklakov, professeur de biologie à l'UEA commente ces observations : « Le jeûne limité dans le temps consiste à limiter sa prise alimentaire à une plage horaire dans la journée. Ce régime alimentaire est de plus en plus populaire et de nombreuses études ont maintenant documenté certains avantages pour la santé métabolique et le maintien du poids ».
Des effets néfastes aussi
Les effets « indésirables » du jeune intermittent sont moins bien documentés en effet : pourtant la façon dont les organismes réagissent aux pénuries alimentaires, peut affecter la qualité des ovules et du sperme, et ces effets semblent pouvoir se poursuivre bien après la fin de la période de jeûne.
L’étude : l’équipe britannique a donc souhaité en savoir plus sur la façon dont ces types de régimes peuvent affecter la fertilité et travaillent ici sur un modèle courant, le poisson zèbre (Danio rerio) pour découvrir ce qui se passe lorsque ces modèles sont exposés à la nourriture pendant et après une période de jeûne. En particulier, l’équipe évalue ici comment les mâles et les femelles allouent des ressources au fonctionnement général du corps, par rapport à la production et à l'entretien du sperme et des ovules, et la qualité de la progéniture qui en résulte. Ces travaux révèlent que :
- le jeûne limité dans le temps affecte la reproduction différemment chez les mâles et les femelles ;
- une fois que les animaux retrouvent leurs habitudes alimentaires normales, les femelles augmentent le nombre de leurs progénitures mais au détriment de la qualité des œufs, ce qui réduit la qualité de la progéniture ;
- la qualité du sperme est également réduite ;
Le jeûne exerce bien aussi des effets nocifs sur la production d'ovules et de sperme, et ces effets peuvent être durables : « Il est important de noter que certains des effets négatifs sur la qualité des ovules et du sperme peuvent être observés après le retour des animaux à leur régime alimentaire de base ».
L’équipe va mener des recherches supplémentaires pour comprendre si toutefois ces effets sont réversibles, et au bout de combien de temps.
Source: Proceedings of the Royal Society B Biological Sciences 12 April, 2023 Fasting increases investment in soma upon refeeding at the cost of gamete quality in zebrafish (In Press) Via Glasgow University
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