De nombreux parents adoptent des habitudes alimentaires et des aliments malsains pour compenser l’absence d'activités, inabordables pour certains ménages, conclut cette analyse de chercheurs du Centre for Food Policy at City, University of London. Ainsi, le fast food et la malbouffe viennent remplacer des activités culturelles et des loisirs trop onéreux, dans l’objectif d’apporter un sentiment de bien-être au foyer. Ainsi, ce facteur « plaisir » et « compensation » peu documenté, vient s’ajouter, pour ces ménages aux facteurs plus classiques d’accès ou de disponibilité, de coût des aliments et d’organisation du temps de travail dans le choix de l’alimentation et des habitudes alimentaires.
Comprendre comment les gens « vivent la nourriture »
L’étude menée auprès de 60 parents d’un enfant scolarisé en maternelle, appartenant à un ménage à faible revenu, recrutés dans des quartiers défavorisés d'Angleterre, a recueilli par entretiens semi-structurés les données de pratiques d'achat, de préparation et de consommation des aliments en famille et de rôles des différents membres de la famille, y compris les enfants, dans la mise en œuvre de ces pratiques. L’analyse de ces données met ainsi en lumière les habitudes d'achat et de consommation d’aliments des parents des foyers à faible revenu, tout en prenant en compte les facteurs environnementaux, dont l’accès à certains aliments, leur prix, leur promotion, mais aussi les facteurs socio-économiques qui affecter les choix alimentaires. Ainsi :
- lorsque les parents ne sont pas en mesure de se permettre des activités sociales ou de loisirs avec leurs enfants, comme la visite d'un parc de jeux, d’une exposition ou de courtes vacances même à proximité, ils compensent par ces « friandises » familiales que sont les routines alimentaires malsaines ;
- les fast-food remplacent alors les aires de jeux et les centres de loisirs voire même les anniversaires avec les amis à la maison. L'alimentation devient un loisir « plaisir » même à la maison, le goûter, une activité.
L'importance de l'environnement alimentaire : ces résultats soutiennent aussi l’idée bien établie selon laquelle un environnement alimentaire au sein duquel les aliments malsains sont omniprésents et bon marché et fortement incite les parents à en nourrir leur famille. Cependant, ces environnements alimentaires favorisent d'autres aspects du bien-être. Il est donc essentiel, dans les politiques nutritionnelles, de prendre en compte ces effets plus larges de l’alimentation dans la vie des gens.
Il est probable, concluent les auteurs, que remplacer les promotions d'aliments malsains et les fast food par des accès aux aliments frais et sains contribuerait à améliorer la qualité nutritionnelle de l’alimentation en population générale. D'autres recommandations incluent un accès plus facile à des activités familiales abordables, en particulier dans les communautés plus défavorisées.
Comprendre aussi comment les gens « vivent la nourriture » dans leur réalité quotidienne peut permettre d’améliorer le bien-être social et économique.
Source: Health & Place 22 Aug, 2022 DOI: 10.1016/j.healthplace.2022.102862 From healthy food environments to healthy wellbeing environments: Policy insights from a focused ethnography with low-income parents’ in England
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