Une consommation élevée de poisson peut être associée à un risque accru de mélanome, conclut cette équipe de l'Université Brown (Providence) : c’est aussi le cas, avec la consommation de poisson non frit, conclut cette vaste étude publiée dans la revue Cancer Causes & Control, qui appelle à mener une enquête plus approfondie. En effet, jusqu’à cette recherche, les études précédentes portant sur l’association entre la consommation de poisson et le risque de mélanome ont plutôt abouti à des résultats contradictoires.
Le mélanome est le 5è cancer en termes d’incidence, avec un risque moyen de 38 à 167/1.000, selon l’origine ethnique. Le rôle possible des facteurs de mode de vie, dont l'alimentation, doit donc être mieux compris.
Les contaminants présents dans les poissons peuvent expliquer le risque plus élevé de cancer de la peau
L’étude a analysé les données de 491.367 adultes participant à la NIH-AARP Diet and Health Study entre 1995 et 1996, âgés de 62 ans en moyenne, dont les données de consommation de poisson. Les chercheurs ont récupéré les données d'incidence des cancers sur une période de 15 ans à partir des registres du cancer.
Enfin, l’analyse a pris en compte les facteurs de confusion possibles, dont les facteurs sociodémographiques, l'IMC, les niveaux d'activité physique, les antécédents de tabagisme, la consommation quotidienne d'alcool, de caféine et les apports caloriques, les antécédents familiaux de cancer et les niveaux moyens de rayonnement UV dans la région de résidence.
- 5.034 participants (1,0 %) ont développé un mélanome malin au cours de la période d'étude ;
- 3.284 (0,7 %) ont développé un mélanome de stade 0 ;
L’analyse conclut que :
- par rapport à ceux dont la consommation quotidienne médiane de poisson est modeste (de 3,2 grammes), ceux dont la consommation quotidienne médiane est non négligeable, soit 42,8 grammes (soit un peu plus d’1 tiers de portion, une portion correspondant à environ 140 grammes de poisson cuit), présentent un risque accru de 22 % de mélanome malin ;
- un risque accru de 28% de développer des cellules anormales dans la couche externe de la peau (mélanome de stade 0 ou mélanome in situ) ;
- ceux dont la consommation quotidienne médiane de thon était de 14,2 grammes présentent un risque accru de 20% de mélanome malin et un risque accru de 17% de mélanome de stade 0, par rapport à ceux dont la consommation quotidienne médiane de thon était de 0,3 gramme ;
- une consommation médiane de 17,8 grammes de poisson non frit par jour s’avère associée à un risque accru de 18 % de mélanome malin et accru de 25 % de mélanome de stade 0, par rapport à une consommation quotidienne médiane de 0,3 gramme de poisson non frit par jour.
Quelles explications ? Les chercheurs évoquent
les contaminants présents dans les poissons, tels que les biphényles polychlorés, les dioxines, l'arsenic et le mercure.
De précédentes recherches ont en effet démontré qu'une consommation élevée de poisson est associée à des niveaux plus élevés de ces contaminants dans le corps et ont identifié des associations entre ces contaminants et un risque plus élevé de cancer de la peau.
Si la nature observationnelle de l'étude ne permet pas de confirmer une relation de cause à effet entre la consommation de poisson et le risque de mélanome, et si certains facteurs de risque de mélanome, tels que le nombre de grains de beauté, la couleur des cheveux, les antécédents de coups de soleil graves n’ont pas été pris en compte, ces composants du poisson sont vraisemblablement impliqués dans l'association observée entre la consommation de poisson et le risque de mélanome. De premiers résultats qui appellent néanmoins de plus larges études de confirmation.
Source: Cancer Causes & Control 2022 9 June, 2022 DOI: 10.1007/s10552-022-01588-5 Fish intake and risk of melanoma in the NIH‑AARP diet and health study
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