Les femmes âgées qui mangent seules encourent un risque plus élevé de troubles cardiaques. En révélant principalement les effets délétères de la solitude sur les habitudes alimentaires et la qualité de l’alimentation, cette étude nous explique pourquoi. Des conclusions, présentées dans la revue Menopause, qui appellent les médecins à « refaire » l’éducation nutritionnelle et à mieux dépister les maladies cardiovasculaires chez les patientes âgées qui vivent et …mangent seules.
Avec le vieillissement, le risque cardiovasculaire des femmes augmente aussi, et après la ménopause, son niveau peut même dépasser celui des hommes du même âge, principalement en raison de la diminution des niveaux d'œstrogènes- qui participent à la régulation de la fonction vasculaire. Cette étude suggère que manger seul peut contribuer à un risque accru de maladie cardiaque chez les femmes âgées, à la fois en raison d’une modification des habitudes et des apports alimentaires, mais aussi en raison, parfois, d'une moindre éducation nutritionnelle.
Pourquoi manger seul peut être mauvais pour le cœur
Avoir un compagnon de « table » est un facteur largement négligé dans les études nutritionnelles et pourtant l’évolution de la société induit de plus en plus de solitude, et de plus en plus de gens mangent seuls. La distanciation sociale a encore restreint la prise de repas avec des amis ou des proches. Les services de livraison de nourriture favorisent encore plus la prise de repas en solitaire. Une étude récente, citée par les auteurs, a déjà suggéré l’association entre manger souvent seul et un risque plus élevé d'obésité abdominale et d'hypertension artérielle.
Manger seul, c’est manger plus rapidement : or, les repas « expédiés », associés également à un apport alimentaire plus élevé, et souvent moins équilibré, favorisent l’augmentation de l'indice de masse corporelle (IMC), du tour de taille, de la pression artérielle et des taux de lipides sanguins, ce qui peut augmenter le risque de syndrome métabolique et de maladie cardiovasculaire.
Manger seul, c’est souvent manger « triste » : la solitude peut affecter la santé mentale et est aujourd’hui largement reconnue comme un facteur de risque de dépression, la dépression étant également liée à un risque accru de maladie cardiovasculaire.
L’étude qui porte sur près de 600 femmes ménopausées âgées de plus de 65 ans a comparé les comportements de santé et l'état nutritionnel des participantes, mangeant seules ou avec un partenaire ou en famille, et a pu préciser la relation entre manger seule et la prévalence de la maladie cardiovasculaire. L’analyse montre que :
- les femmes plus âgées qui mangent seules ont à la fois des connaissances en nutrition et des apports nutritionnels plus faibles ;
- des apports plus faibles en énergie, glucides, fibres alimentaires, sodium et potassium que celles qui mangent avec d'autres personnes ;
- ces participantes sont 2,58 fois plus susceptibles de souffrir d'angine de poitrine, un type de douleur thoracique causée par une diminution du flux sanguin vers le cœur et un symptôme de maladie coronarienne.
Education nutritionnelle et dépistage des maladies cardiovasculaires chez les femmes plus âgées : c’est, en résumé la conclusion des chercheurs qui appellent les médecins à s’enquérir de la solitude de leurs patientes et à dépister régulièrement la maladie cardiovasculaire chez les patientes plus âgées.
«L’étude montre que les femmes âgées qui mangent seules sont plus susceptibles d'avoir une maladie cardiaque symptomatique. Elles sont également plus susceptibles d'être veuves, d'avoir moins de revenus et des apports nutritionnels plus faibles. L'isolement social impacte aussi la nutrition, et avec la nutrition les résultats de santé de ces femmes seules plus âgées ».
Source: Menopause 3-Nov-2021 DOI: 10.1097/GME.0000000000001887 Association between eating alone and cardiovascular diseases in elderly women: a cross-sectional study of KNHANES 2016 data
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