Des risques significativement accrus de diabète, de maladie cardiaque, d’accident vasculaire cérébral et de cancer, les risques d’une consommation excessive de produits alimentaires à base de viande ont été largement documentés. Cet examen de la littérature qui nous apporte une nouvelle synthèse, très complète, de ces effets sur la santé et nous en révèle un tout nouveau : celui d’une « exacerbation » de certains symptômes de l’asthme. L’étude, française, présentée dans la revue Thorax, suggère la responsabilité des nitrites, dans cette inflammation des voies aériennes.
En synthèse, l’étude suggère que la consommation de 4 portions ou plus de viandes transformées par semaine peut aggraver des symptômes respiratoires, dont la respiration sifflante et dégrader la fonction pulmonaire. Les chercheurs de l’Inserm, en collaboration avec des collègues du Centre national espagnol de recherche sur le cancer et du Centre de recherche en épidémiologie environnementale, de l’Instituto Nacional De Salud Publica (Mexique) et de la Harvard Medical School ont mené cette étude auprès de 971 adultes dont 42% atteints d’asthme, participant à l’Epidemiological Study of the Genetics and Environment of Asthma. Les chercheurs ont analysé les données de questionnaire alimentaire (118 aliments) à l’aide d’un modèle statistique pour estimer les liens entre l’asthme, la consommation de viande transformée et l’indice de masse corporelle (IMC). Une portion de viande transformée était constituée par une saucisse, 2 tranches de jambon ou 3 tranches de saucisson…L’équipe a également pris en compte les facteurs de confusion possibles (dont habitudes alimentaires, âge, sexe, tabagisme, niveau d’éducation et d’activité physique). Enfin l’analyse a cherché à évaluer si l’IMC pouvait médier le lien entre la consommation de viande transformée et l’asthme soit dans quelle mesure la consommation de viande transformée pouvait, en augmentant l’IMC et donc le surpoids, provoquer ou exacerber les symptômes de l’asthme. L’idée, derrière cette méthodologie était bien d’éviter de sous-estimer l’effet de la viande transformée en considérant l’IMC comme un facteur de médiation plutôt que de confusion.
Après une moyenne de 7 années de suivi, l’analyse constate que :
- 53% des personnes présentent le même score de symptômes d’asthme qu’à l’inclusion,
- 27% des symptômes d’asthme réduits,
- 20% des symptômes d’asthme aggravés.
- Consommer de la viande transformée 4 fois par semaine ou plus augmente de 76% le risque d’avoir des scores de symptômes d’asthme aggravés,
- l’IMC médie bien cet effet, mais de manière minoritaire : selon l’estimation des chercheurs, 14% de l’augmentation du risque peut être expliquée par le lien entre une consommation élevée de viande transformée et un IMC élevé.
En conclusion, l’effet indirect médié par l’IMC ne représentant que 14% de l’association, la consommation « excessive » de viande transformée exerce bien un effet direct nocif sur la fonction pulmonaire et le risque d’asthme. Les auteurs suggèrent que les nitrites utilisés dans la conservation de ce type de produits, pourraient favoriser une inflammation des voies aériennes, ce qui pourrait aggraver les symptômes de l’asthme.
On retiendra un effet de ce type d’aliments indépendant donc du poids corporel. Encore une fois, une alimentation équilibrée et saine avec beaucoup d’aliments frais, de fruits, légumes et grains entiers, et moins de graisses saturées est à privilégier.
N.B. Cette étude a été cofinancée par le laboratoire Merck Sharp & Dohme.
December 20 2016 doi:10.1136/thoraxjnl-2016-208375 Cured meat intake is associated with worsening asthma symptoms
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