Le lait, les œufs, le poisson, les fruits de mer, les noix, les arachides, le blé et le soja sont parmi les aliments allergènes les plus courants. L’incidence des allergies alimentaires augmente. Alors, l'alimentation de la mère pendant la grossesse pourrait-elle avoir un impact sur le risque d’allergies chez l’enfant et comment ? C’est la question à laquelle tente de répondre cette équipe du Children's National Health System (Washington), à l’occasion du Congrès annuel de l’American College of Asthma Allergy and Immunology. S’il est bien connu qu’il faut éviter l'alcool et le tabac pour avoir un bébé en bonne santé, qu'en est-il des allergènes alimentaires courants tels que les noix et le lait ? Il semble ici que la stratégie d’évitement de la mère ait bien peu d’effet sur le risque d’allergie de l’enfant.
Car il existe peu de données décrivant la fréquence à laquelle les femmes enceintes arrêtent délibérément de consommer un aliment spécifique afin de prévenir de futures allergies alimentaires chez leurs nouveau-nés. L’équipe de recherche dirigée par le Dr Karen Robbins, allergologue a mené cette étude longitudinale avec le soutien de l’Agence américaine, Food and Drug Administration (FDA) et les Centers for Disease Control and prévention (CDC).
L’analyse porte sur les données de 2.000 femmes enceintes ayant renseigné, par questionnaire leur régime alimentaire durant le troisième trimestre de la grossesse, suivies, avec leurs enfants jusqu'à la première année de vie de l’enfant. Un petit pourcentage de femmes a déclaré avoir consommé moins d'aliments réputés allergènes pendant la grossesse dans l’objectif d’éviter le risque d’allergies alimentaires chez leurs nouveau-nés. La plupart de ces participantes ont abandonné des allergènes « majeurs » comme les noix, le lait ou les œufs pendant leur grossesse. Ainsi :
- 2,9% ont restreint spontanément leur régime alimentaire de manière à éviter de futures allergies alimentaires chez leurs enfants ;
- 1,7% ont limité leurs apports en noix ;
- 0,3% en œufs
- 0,04% en lait et en produits laitiers.
Cependant, au global « peu de femmes enceintes déclarent avoir abandonné certains aliments dans le but d'éviter une allergie alimentaire chez leurs bébés », concluent les auteurs. « Cependant, les mères allergiques ou qui avaient déjà un enfant plus âgé allergique sont celles qui ont le plus tenté cette stratégie d'évitement durant leur grossesse ».
Peu d’effets de la stratégie d’évitement de la mère : en dépit de ces changements de régime alimentaire, les nourrissons nés de ces femmes enceintes s’avèrent 2 fois plus susceptibles d'éprouver des problèmes d'alimentation à l'âge de 4 mois – mais plus à l'âge de 9 mois ou 12 mois. Leur risque d’allergie alimentaire ne semble pas modifié par cette stratégie d’évitement de la mère.
Bref, il n’y a pas de raisons objectives pour lesquelles ces femmes choisissent l'évitement de certains aliments. Mais, quoiqu’il en soit, cette stratégie ne semble pas prévenir les allergies alimentaires chez leurs nourrissons.
Source: American College of Asthma Allergy and Immunology 2018 Annual Scientific Meeting Dec, 2018 Prenatal food allergen avoidance practices for food allergy prevention
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