Le surpoids et l’obésité après 65 ans concernent plus de 50 % de cette tranche d’âge en France. Est-ce à dire que c’est une fatalité ? Faut-il que toutes les personnes concernées maigrissent ? Comment faut-il s’en occuper ?
Il n’est pas obligatoire de prendre du poids lorsque l’on prend de l’âge, même si cela est fréquent. L’excès de poids est souvent la conséquence d’une trajectoire, d’une succession d’événements tout au long de l’existence. Les kilos s’accumulent, comme des couches successives, par épisodes, insidieusement.
Souvent la prise de conscience est tardive, quand la gêne devient patente.
C’est alors l’entrée dans le cycle des régimes, souvent infernal avec sa succession de pertes et de reprises si les changements alimentaires sont mal conduits, trop brusques, trop restrictifs. Alors que, pris dès le début de façon raisonnable, en apprenant à manger un peu moins, en adaptant les quantités à ses vrais besoins, en écoutant ses sensations alimentaires, notamment le rassasiement qui permet de ne pas se resservir et de ne pas finir les plats et les assiettes, le patient peut améliorer son poids.
Mais il est bon aussi de réfléchir sur les causes qui ont conduit à cette prise de poids. La ménopause en est une, mais elle est inévitable. Ce n’est pas le cas, par contre pour la sédentarité.
Maintenir, voire augmenter son activité physique est un moyen efficace pour stopper ce qui peut paraître irréversible.
Changements de mode de vie, perturbations des rythmes de vie, déficit de sommeil, destructuration des repas sont également des événements souvent en cause. Arrêt du tabac, arrêt du sport, compensations alimentaires liées au stress sont aussi impliquées. Il n’est jamais trop tard pour y remédier.
La question est ensuite de savoir s’il faut perdre du poids, si l’on peut en perdre, et comment. A première vue, maigrir est bénéfique. Mais l’excès de poids est-il toujours dangereux lorsque l’on a plus de 65 ans ? Il est évident que s’il existe des facteurs de risques associés (diabète, dyslipidémie, hypertension) cela justifie d’une part que l’on améliore ses habitudes alimentaires, d’autre part que l’on perde un peu de poids. Mais en dehors de ces situations, il a été montré que le surpoids (IMC 25-30 kg/m2) n’est pas associé au même risque à 65 ans qu’à 30 ans. On estime même que le poids « idéal » à cet âge est plutôt de 27-29 kg/ m2 qu’inférieur à 25 kg/m2. Il faut nuancer tout cela et faire intervenir d’autres paramètres. On sait par exemple que non seulement l’activité physique est un facteur qui atténue beaucoup le surrisque lié au surpoids modéré et plus encore, les capacités physiques, mais ceci s’entretient. On sait également que la composition corporelle joue un rôle majeur. Ainsi, une masse maigre (musculaire) élevée est un facteur majeur de préservation de l’état de santé. Là aussi l’activité physique est une clé. Enfin il a été démontré récemment que plus que l’IMC, c’est le rapport taille/hanche (RTH), reflet notamment de l’adiposité abdominale, qui est à prendre en considération.
Ainsi, si on prend en compte ce paramètre, le surpoids modéré quand on a plus de 60 ans n’est plus protecteur1.
Mais il en est de même pour un IMC normal lorsque celui-ci est associé à un RTH élevé. A l’inverse, un surpoids modéré avec un RTH normal (< 0,95 chez l’homme, < 0,85 chez la femme) n’est pas associé à un risque de mortalité accru ou de morbidité cardiovasculaire accru.
Alors que faire ? En toutes circonstances apprendre à bien manger, c’est-à-dire équilibré, est bénéfique, quel que soit le poids. Accroître au mieux son activité physique est fondamental. Et il n’est jamais trop tard pour bien faire. Un des premiers objectifs est d’abord de ne plus prendre de poids, le second est de perdre quelques kilos, doucement sans précipitation, en révisant ses habitudes.
Une cure thermale peut y aider.
La Lettre de la Nutrition– Lettre d'Information des Thermes de Brides-Les-Bains® N°23 – Avril 2018
Biblio : (1) BOWMan K Central adiposity and the overweight risk paradox in aging : follow-up of 130,473 UK Biobank participants. Am J Clin Nutr 2017, 106, 130-5