La restriction de certains acides aminés souffrés, c’est-à-dire dans la composition desquels entre le souffre, pourrait constituer une nouvelle approche diététique de la santé, selon cette étude de la Penn State, présentée dans les Annals of the New York Academy of Sciences. Les chercheurs partent des effets bénéfiques de la restriction calorique, puis de la restriction de certains acides aminés. Ils suggèrent enfin qu’une restriction en méthionine (MET), un acide aminé essentiel pourrait même favoriser la longévité.
Le soufre entre dans la composition de cet acide aminé, la méthionine, duquel dérivent tous les acides aminés soufrés dont la cystine, la taurine, la carnitine ou encore le glutathion. Ces acides aminés soufrés joueront un rôle important dans l'élimination des produits toxiques. De précédentes études menées chez l’animal ont néanmoins montré que des apports réduits en acides aminés soufrés permettaient d’améliorer la santé et de prolonger la longévité. Ainsi, une étude menée chez le rat montre qu’une restriction de 80% en Met a augmenté la durée de vie moyenne entre 42 et 44%. Cette revue des études publiées suggère que cet effet bénéfique serait peut-être transposable à l’Homme.
Les chercheurs se sont donc intéressés à la restriction des acides aminés soufrés dans l'alimentation et leur examen révèle en effet que la restriction en MET est associée à un report du vieillissement et à une durée de vie plus longue in vitro, sur des lignées de cellules humaines, mais aussi in vivo, sur les levures et chez certains animaux, dont les mouches à fruits et les rongeurs. Les animaux nourris avec des aliments à teneur réduite en acides aminés soufrés présentent également des améliorations en santé, dont une réduction du poids corporel, de la graisse et du stress oxydatif, du risque de tumeurs cancéreuses, une sensibilité accrue à l'insuline et une combustion des graisses plus efficace.
Un effet indésirable contre la croissance : Mais attention, les acides aminés soufrés sont importants pour la croissance et leur restriction qui inhibe ainsi la croissance permet d’augmenter la durée de vie mais réduit tout de même la croissance.
Et chez les animaux adultes ? Une fois la croissance achevée, la restriction des acides aminés soufrés permet de contourner le problème de croissance observé chez les animaux plus jeunes et d’apporter les bénéfices précédemment évoqués : « Des résultats qui nous semblent importants parce qu’ils suggèrent l’absence d’effet croissance et la possibilité d’effets bénéfiques chez l'homme adulte », explique le Dr John Richie, professeur de sciences de la santé et de pharmacologie au Penn State Cancer Institute.
Et chez l’Homme ? Les études impliquant des humains ont associé l’apport en acides aminés soufrés avec un poids corporel accru, le syndrome métabolique, le risque de maladie cardiovasculaire et de cancer. Ces premières donnes suggèrent qu’a contrario, la restriction des acides MET et Cys pourrait protéger contre ces conditions. Il existe donc encore à ce jour une incertitude quant aux avantages chez l’Homme, des régimes de restriction en acides aminés soufrés.
Une étude rigoureusement contrôlée sur la restriction alimentaire en acides aminés soufrés est actuellement en cours, chez des sujets humains, qui pourrait fournir des preuves plus directes des bienfaits pour la santé. Il restera à voir comment éventuellement mettre en application ce régime. Car ces acides aminés soufrés se trouvent dans les aliments contenant des protéines, il n'est donc pas simple de les restreindre.
Source: Annals of the New York Academy of Sciences 5 February 2018 DOI: 10.1111/nyas.13584 Disease prevention and delayed aging by dietary sulfur amino acid restriction: translational implications