C’est une nouvelle analyse des données de l’étude française NutriNet Santé qui nous est proposée dans le British Medical Journal. L’analyse révèle une association entre les aliments ultra-transformés (pains et gâteaux industriels, boissons gazeuses et plats cuisinés…) et le risque de cancer, en particulier, de cancer du sein, chez les femmes ménopausées.
Ici, les aliments sont considérés comme « ultra-transformés » au sens de la classification NOVA qui classe les aliments en fonction de la nature, le degré et l’objectif de leur transformation. Des aliment ultra-transformés sont en pratique des aliments qui ont subi un traitement complexe avec recours à des composés chimiques et des processus industriels.
L’analyse, menée par des chercheurs français de différents instituts de recherche avec la collaboration de collègues de l’Université de Sao Paulo, porte sur les données de 104.982 participants à la cohorte NutriNet Santé, à 78% des femmes, ayant renseigné leur régime alimentaire tous les 6 mois, de 2009 à janvier 2017. Les chercheurs ont pris en compte les facteurs de confusion possibles (âge et sexe, IMC, activité physique, tabagisme et consommation d'alcool, apport énergétique global, antécédents familiaux de cancer, niveau d'études, contenu nutritionnel de l'alimentation (matières grasses, sel et glucides), régime de type occidental…Pour le cancer du sein, les chercheurs ont également pris en compte le nombre d'enfants, le statut ménopausique et l’utilisation d’un THS ou d’une contraception orale.
L’analyse constate de légères augmentations des taux global de cancer, et de cancer du sein post-ménopause chez les participants dont le régime alimentaire comprend les plus fortes proportions d'aliments ultra-transformés. Précisément,
- 2.228 cas de cancer sont recensés sur une période de suivi moyenne de 5 ans ;
- après prise en compte des facteurs de confusion, chaque augmentation de 10% de la proportion d'aliments ultra-transformés dans l'alimentation est associée à :
- une augmentation de 12% du risque de cancer ;
- une augmentation de 11% du risque de cancer du sein mais seulement après la ménopause ;
- aucune augmentation des risques des cancers de la prostate et colorectal n’est constatée avec l’augmentation de la proportion des aliments ultra-transformés dans le régime alimentaire.
Les auteurs suggèrent, pour différentes raisons (mauvaise qualité nutritionnelle, additifs, substances toxiques dont BPA…) que la consommation croissante d'aliments ultra-transformés pourrait favoriser une hausse de l’incidence des cancers et autres maladies non transmissibles. Compte-tenu du nombre d’aliments ultra-transformés, disponibles, consommés et pris en compte dans l’étude, les chercheurs ne précisent pas quels aliments spécifiques pourraient être responsables de l'augmentation du risque de cancer. Enfin, il s’agit d’une association entre apports élevés de ces aliments ultra-transformés et risque de cancer, et non d’une relation de cause à effet : cela suggère que consommer plus d'aliments ultra-transformés est probablement associé à d’autres facteurs de mode de vie « malsains » qui peuvent également contribuer à cette augmentation du risque de cancer.
La question de l’interaction possible des composés chimiques utilisés dans les processus industriels de transformation et de conservation des aliments est également posée : car si ces produits chimiques utilisés sont considérés comme sûrs au niveau individuel, ils peuvent interagir les uns avec les autres de manière imprévisible.
Bref, lorsque c’est possible, mieux vaut préférer des aliments frais, dont des apports importants de fruits et légumes et opter pour un régime alimentaire équilibré et diversifié.
Source: BMJ February 14 2018 10.1136/bmj.k322 Consumption of ultra-processed foods and cancer risk: results from NutriNet-Santé prospective cohort
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