Pour le moment, connaître son risque génétique de surpoids ou d’obésité n’est pas à la portée de tout le monde. Mais le moment est proche où un test génétique accessible, pourra nous indiquer quels sont les aliments à éviter pour contrôler son poids. Cette étude, donc théorique -sauf à prendre en compte l’histoire familiale d’obésité et encore ce serait ignorer les facteurs environnementaux- conclut néanmoins qu’avec les «gènes de l’obésité», il est préférable d’éviter les aliments frits, sous peine de prendre rapidement du poids. Ces conclusions, publiées dans le BMJ, confirment l'association entre la consommation d'aliments frits et l'adiposité, en fonction des susceptibilités génétiques.
Les chercheurs de Harvard ont analysé les interactions entre la consommation d'aliments frits et les facteurs de risque génétiques associés à l'obésité dont 32 variantes génétiques déjà connues, chez plus de 37.000 participants, hommes et femmes, âgés de 30 à 45 ans et plus, participant à 3 grands essais américains. Les chercheurs souhaitaient vérifier que les personnes ayant le plus fort profil de risque génétique étaient plus susceptibles de prendre du poids en consommant des aliments frits. Les chercheurs ont utilisé les 2 premiers essais (menés respectivement auprès de 9.623 femmes en bonne santé de la cohorte Nurses' Health Study et 6.379 hommes, professionnels de santé de la cohorte Health Professionals Follow-up Study), puis validé leur résultats sur les participants du 3ème essai (21.421 femmes, professionnelles de santé de la Women's Genome Health Study). Les chercheurs ont évalué la consommation d'aliments frits à partir de questionnaires de fréquence alimentaire.
-L'IMC des participants a été calculé à plusieurs reprises au cours de la période de suivi.
-Enfin, un score de risque génétique basé sur 32 variants génétiques connus pour être associés à l'IMC et à l'obésité, a été évalué pour chaque participant.
L'analyse confirme d'importantes interactions entre la consommation d'aliments frits et les scores de risque génétique, dans les 3 études :
Parmi les participants à score de risque génétique le plus élevé (1er tiers- Voir schéma ci-contre), les différences d'IMC avec une consommation d'aliments frits 4 fois ou plus par semaine vs moins d'1 fois par semaine s'élèvent à 1,0 kg/m2 chez les femmes et 0,7 kg / m2 chez l'homme.
Parmi les participants à score de risque génétique le moins élevé (dernier tiers-voir schéma), les différences d'IMC avec une consommation d'aliments frits 4 fois ou plus par semaine vs moins d'1 fois par semaine sont de 0,5 kg/m2 chez les femmes et 0,4 kg/m2 chez les hommes.
En synthèse, la consommation d'aliments frits va venir aggraver le risque génétique d'obésité, et, dans l'autre sens, une susceptibilité génétique rend bien plus vulnérable à l'adiposité liée à la consommation d'aliments frits.
Des résultats qui soulignent l'importance de réduire la consommation d'aliments frits dans la prévention de l'obésité, en particulier chez les individus génétiquement prédisposés. Mais des résultats qui, en réalité, ironise l'un des auteurs, ne devraient avoir que peu d'implications puisque nous sommes, quel que soit notre profil génétique, censés consommer des aliments frits avec parcimonie.
Source: BMJ2014;348:g1610 March 19 2014
Fried food consumption, genetic risk, and body mass index: gene-diet interaction analysis in three US cohort studies (Visuel © Unclesam – Fotolia.com)
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