Cette recherche de l'Université de Tel Aviv (TAU) suggère que les famines et les jeûnes traversés au cours de notre histoire laissent leur empreinte génétique sur la descendance. Une empreinte génétique néfaste, puisqu’elle raccourcit considérablement la durée de vie des enfants et de leurs descendants de sexe masculin. Une étude présentée dans l’American Journal of Clinical Nutrition qui aboutit à un résultat surprenant : Le raccourcissement des télomères induit par la famine est un phénomène sexuellement dépendant.
En effet, cette conséquence génétique -ou épigénétique ?- ne semble impacter que les télomères des hommes et l'étude suggère l'absence de de télomères plus courts chez les femmes nées avant ou après la période de disette. Il faut rappeler deux concepts déjà documentés par de multiples études :
- La forte corrélation entre la dynamique des télomères et les processus qui déterminent le vieillissement humain et la durée de vie. Les télomères, ces « capuchons » présents à l'extrémité de chaque chromosome et qui protègent le chromosome de sa détérioration au fil des divisions cellulaires, sont la clé génétique de la longévité. Ils raccourcissent à chaque cycle de réplication.
- L'effet favorable de la restriction calorique sur la longévité : en effet, toute une série d'études expérimentales et épidémiologiques ont suggéré que le jeûne intermittent ou périodique, comme la restriction calorique, peut ralentir le processus de vieillissement et prolonger la durée de la vie.
Cette étude, on l'aura compris démontre l'effet inverse sur la descendance ou plutôt une partie de la descendance des sujets soumis à de telles restrictions. Elle porte précisément sur les survivants d'une période de grande famine de masse, intervenue au début des années 1920 et sur plus de 3 années, dans plusieurs régions rurales de la Russie. L'équipe de la TAU a évalué les longueurs des télomères chez un échantillon de population composé de survivants et des certains de leurs descendants. Ce groupe de population était issu d'une région où la prévalence de la famine avait atteint 90%, au point d'entraîner le décès de 30 à 50% de la population. Cette analyse aboutit à 3 grandes conclusions :
- les télomères des leucocytes sont raccourcis chez les hommes nés après 1923 après cette famine de masse,
- ce raccourcissement des télomères est hérité à l'identique par des hommes nés dans les générations suivantes,
- en revanche, l'absence de corrélation entre la famine et les télomères plus courts chez les femmes nées avant ou après la famine est également constatée.
En conclusion, la famine a pour effet de raccourcir la longueur des télomères sur plusieurs générations d'hommes. Cependant cet effet sexe-dépendant reste à expliquer.
Leukocyte telomere length pattern in a Chuvash population that experienced mass famine in 1922–1923: a retrospective cohort study1,2
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